La crise de la gestion active semble sans fin avec une augmentation continue de la part de marché des ETFs. Ainsi selon MorningStar, les actifs investis dans la gestion passive ont augmenté de 230% depuis 2007, soit 2 Trillions de dollars, contre une hausse de 54% des actifs investis dans la gestion active.
Mais ceci n’est pas étonnant : entre les droits d’entrée et les frais de gestion, il est quasiment impossible pour un fonds actif de battre le marché. Voilà pourquoi Warren Buffett pouvait parier sans risque en 2008 qu’un simple ETF Vanguard répliquant la performance du S&P 500 allait battre sans problème 8 ans plus tard un hedge fund complexe. Certes les gérants actifs expliqueront souvent avec raison qu’ils assurent une bonne diversification de leur portefeuille entre classes d’actifs tout en limitant la volatilité et les risques. Mais avec 99% des gérants Actions USA faisant moins bien que le marché actions aux Etats-Unis sur la période 2006-2016, il semble urgent de se poser quelques questions sur l’avenir des stratégies actives.
Cette remise en cause est d’autant plus forte que même les amateurs peuvent désormais bricoler des stratégies de gestion malines reposant sur des ETFs afin de se protéger des crises de marché. Ainsi, une stratégie de momentum ultra-basique avec un ETF suivant le marché européen (le VGK de Vanguard répliquant le FTSE Developped Europe All Cap index) offre une performance annualisée de 6,02% par an entre 2006 et aujourd’hui contre 2,73% pour l’indice seul, le tout avec une volatilité bien moindre. Le coût de cette stratégie ? 0,13% par an, soit l’expense ratio de l’ETF…
Mais les performances décevantes de la gestion active sont le symptôme de deux problèmes fondamentaux :
- la gestion dite active n’a souvent d’active que le nom et se contente trop souvent de coller au maximum à son indice de référence afin de limiter le risque de sous-performance et la volatilité. Hors le seul moyen de battre le marché est de prendre des positions tranchées s’éloignant du benchmark et d’accepter la volatilité car c’est le prix à payer pour générer de la performance. Le succès en France d’un Carmignac ou d’un H20 est une belle illustration de ce principe.
- le transfert des actifs ne se fait pas entre gestion passive et gestion active mais bien entre gestion « high-cost » et gestion « low-cost ». Ceci explique pourquoi Vanguard arrive à capter une part croissante du marché de la gestion active avec plus de 1 Trillion de dollars d’actifs sous gestion. Mais il est vrai qu’avec un expense ratio moyen de 27 bps sur ce type de gestion chez Vanguard contre 79 bps pour les concurrents, à performances égales le choix est vite fait pour l’investisseur.
Il ne faut donc pas enterrer trop vite la gestion active qui a encore de beaux jours devant elle si elle parvient à revenir aux fondamentaux : développer des stratégies de conviction permettant de se différencier radicalement des ETFs, tout en maîtrisant de manière bien plus rigoureuse les coûts opérationnels et de gestion.