L’année dernière je m’étais prêté au jeu des pronostics pour 2017 avec plus ou moins de bonheur. Au-delà des scénarios chocs, voici quelques sujets chauds à suivre de près en 2018.
1) Le jour d’après le Big Bang réglementaire (MiFID II, PRIIPs, IDD, GDPR, DSP2…). Les premiers mois de 2018 seront consacrés à la finalisation des travaux de mise en conformité, les régulateurs devraient d’ailleurs être indulgents au départ. Cependant, après avoir paré au plus pressé, le temps de nécessaires réflexions stratégiques viendra dès 2018 : optimisation de la gestion des données, revue des stratégies de distribution sur le long terme ou remise à plat des chaînes opérationnelles. La sortie de l’urgence réglementaire permettra de relancer des réflexions essentielles.
2) 2018, l’année des RegTechs. La mise en oeuvre effective de nombreuses réglementations devrait accélérer l’adoption de solutions technologiques capables de gérer des règles complexes, nécessitant de traiter de nombreuses données. Certaines solutions comme DROIT commencent ainsi à gagner en popularité pour gérer les règles MIFID II de transparence pre-trade et post-trade au sein des BFIs.
3) La confirmation du potentiel de la blockchain. L’année dernière, je ne croyais pas à l’avènement de la blockchain, au-delà de quelques tests. Mais 2018 semble être l’année de la maturité avec la migration d’acteurs importants comme la Bourse australienne vers cette technologie ou la mise en place d’un cadre réglementaire en France pour les titres non côtés.
4) 2018, l’heure de l’explosion de la bulle spéculative autour du bitcoin. La crypto-monnaie est devenue avant tout un moyen de spéculation. La durée de validation d’une transaction s’allonge, l’efficacité énergique de la solution est douteuse. Des alternatives ambitieuses comme le Ripple devraient émerger pour supplanter la solution initiale.
5) Le retour de la volatilité sur les marchés. Les BFIs ont souffert cette année sur leurs activités de trading à cause de cette situation inédite. Le retour des menaces géopolitiques et les valorisations élevées sur les marchés devraient permettre une hausse de la volatilité et des revenus de trading.
6) La hausse des taux d’intérêt poussée par la croissance économique, le plan de réduction d’impôt de l’administration Trump et la fin des politiques monétaires accommodantes. Voilà qui devrait peser sur la valorisation du marché obligataire mais aussi améliorer la marge nette d’intérêt des banques, laminée par les renégociations de crédit immobilier depuis plusieurs années.
7) Après une année plutôt calme, les fusions transfrontalières entre établissements européens au centre des scénarios de croissance. Les régulateurs et les banques centrales poussent à la concentration et les rumeurs deviennent insistantes. Dans ces opérations, les établissements français seront certainement au centre du jeu.
8) La montée en puissance de l’open-banking et de la banque as a platform. L’essor des néo-banques, certaines comme N26 cherchant à devenir des plateformes de services ainsi que la réglementation DSP2 vont transformer durablement les services financiers. Les gagnants de demain sont déjà en train de construire des plateformes ouvertes agrégeant données et services.
9) 2018, année de la relation client ? Les néobanques bousculent les codes et certains établissements bien établis se lancent dans des refontes drastiques de leurs parcours clients afin de construire une expérience sans friction. La multiplication des projets innovants, utilisant le design thinking ou les méthodes agiles, en est la preuve.
Si vous avez en tête d’autres sujets chauds pour 2018, n’hésitez pas à lancer la discussion en commentaires 🙂
PS: contrairement à ce que je pensais, les chatbots et l’IA, manquent encore de maturité pour le moment, la révolution n’est pas pour aujourd’hui. De même, les mouvements stratégiques pour parer aux conséquences du Brexit attendront. Avec des mouvements brutaux à anticiper début 2019 en fonction du résultat des négociations.