Les FinTechs sont au cœur de l’actualité et proposent, du moins sur le papier, des solutions à tous les enjeux de l’industrie financière.
Tous les secteurs et toutes les fonctions ont leurs FinTechs : Paytech, LendingTech, Real Estate Tech, RegTech, InsureTech, WealthTech, …
Cette pluralité de l’offre, cet engouement se visualise bien dans les levées de fonds ces dernières années.
Depuis 2014, les levées de fonds sont devenues significatives avec une année record en 2018 à $ 54 milliards. La tendance 2019 offre de belles perspectives et souligne le maintien de l’engouement pour les Fintechs.
Ces données mondiales masquent des disparités ; l’Europe est en retard. Sur les quatre dernières années, les FinTechs européennes se sont financées à hauteur de $ 18 milliards, contre 55,8 pour l’Amérique du Nord et 53,1 pour l’Asie (chiffres hors M&A).
De plus le ticket moyen en Europe sur ces quatre dernières années est de $ 11 millions, contre 17 en Amérique du Nord et 49 en Asie. Cet écart s’explique non seulement par les différences structurelles du marché européen, des FinTechs éprouvant des difficultés à couvrir un marché éclaté, mais aussi par une certaine frilosité des acteurs.
Cependant, l’année 2019 pourrait être un bon cru en Europe avec un premier trimestre tutoyant les $ 3 milliards de financement ; pour un ticket moyen d’un peu plus de $ 24 millions.
En Investment Management, l’environnement FinTechs reflète aussi ce dynamisme. Les levées de fonds impliquant les FinTechs Wealth et Asset Management correspondent dans l’ensemble à 19% des levées de l’ensemble des FinTechs.
Une très nette accélération a été constatée en 2018. L’année 2019 part sur de bonnes bases avec $ 1,1 milliard sur le premier trimestre. Les FinTechs françaises ont tirées leur épingle du jeu au premier semestre 2019, elles ont levé, selon KPMG, 354 millions d’euros. Ce montant s’explique notamment par cinq levées supérieurs à 30 millions d’euros.
Ce niveau de financement permet aujourd’hui d’amener certaines FinTechs, et donc leurs solutions, à un niveau de maturité avancé.
Aujourd’hui, les FinTechs en Investment Management couvrent l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’expérience client à la compliance.
Ces FinTechs s’appuient généralement sur le Machine Learning, le Big Data, le Natural Language Processing, les robo-advisors, la Blockchain, … autant de technologies qui ne sont pas toujours maitrisées par les acteurs traditionnels.
Oui, ces technologies vont bouleversées le business model et l’operating model. Et non, il ne faut pas les voir comme des menaces.
- Même si certains acteurs se placent comme des nouveaux entrants dans l’industrie, beaucoup se positionnent comme provider de solutions, soit transversales soit spécialisées.
- Ces technologies ne sont que des technologies. Aucune innovation technologique ne remplacera les humains (du moins à moyen terme). La machine peut aider à traiter et analyser les données, à optimiser les process mais ne remplacera pas l’esprit humain.
Pour profiter au mieux des opportunités offertes par les FinTechs, les Wealth et Asset Managers doivent :
- S’organiser en améliorant la transversalité de leur organisation et en faisant évoluer leurs compétences, notamment en recrutant les expertises technologiques et en formant leurs équipes.
- Investir dans les solutions innovantes, par acquisition ou partenariat.
Sur ce dernier point, il s’avère que travailler avec les FinTechs n’est pas nécessairement naturel pour les acteurs traditionnels. Ainsi, plusieurs écueils sont souvent rencontrés :
- Le manque, ou plutôt l’écart d’agilité entre l’acteur traditionnel et la FinTech génère des incompréhensions et frustrations lors des projets.
- L’inertie des systèmes d’information des acteurs traditionnels, et la complexité et le délai engendré par la moindre évolution.
- Une certaine circonspection des acteurs traditionnels face au manque de maturité de certaines solutions, qui, sur le papier, semblaient très avancées.
Ces éléments entrainent des difficultés, voir des échecs, dans les projets « FinTech » des acteurs traditionnels.
Pour maximiser les chances de réussite, les Asset et Wealth Managers doivent avoir une approche pragmatique, top down et minimiser les échecs …
Les unités agiles auront pour objectif de répondre à un enjeu / priorité de l’entreprise et doivent être libres quant aux solutions qu’elles envisageront. La seule contrainte est de démontrer la valeur créée.
Laisser de la liberté et de l’autonomie à ces unités agiles autorise une approche opportuniste qui offrira à terme plus de valeur pour l’entreprise. Il faudra cependant être vigilant à ne pas courir trop de lièvres à la fois.
Oui, il y aura des échecs – des simulations abandonnées ou des expérimentations ratées – mais attendre que les solutions se fiabilisent, c’est laisser les concurrents les éprouver, et il sera alors trop tard.