ESG – Le rôle des Sociétés de Gestion est prédominant

L’investissement ESG est en plein essor

Il est maintenant établi et partagé que d’une part, la lutte contre le changement climatique, et donc la transition énergétique, n’est pas qu’un défi technologique mais est aussi financier. Et que d’autre part, il ne s’agit pas tant de trouver de nouvelles ressources financières que de réorienter les flux existants.
Ainsi, de nombreuses et récentes réglementations ou ambitions politiques (loi PACTE, article 173-VI, 2°ii, European SRI transparency code, …) impliquent directement les acteurs de la gestion d’actifs, des investisseurs aux sociétés de gestion.

Ces dernières n’ont pas attendu et se sont appropriées les principes de la finance durable depuis longtemps. Les premiers fonds ISR en France, du moins dans leur appellation actuelle, sont apparus à la fin du siècle dernier et ont commencé à se structurer, notamment avec la création du Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) en 2001.

Le lent démarrage fait place depuis 2013 à un essor remarqué des fonds ISR (au sens large) en Europe.

Mais l’offre ISR est disparate et non structurée

22 000 milliards d’euros sont gérés selon des principes ISR. Mais lesquels ?
Les nombreuses catégories, nécessaires pour traiter les nombreuses thématiques (énergie verte, travail des enfants, …) brouillent les cartes pour les investisseurs. Un fonds peut se réclamer ISR (sans toutefois être labellisé) avec une approche par exclusion (le nucléaire, le jeu, …) ou en ayant une approche globale sur le changement climatique par exemple.

Comment communiquer, contrôler et suivre quand plusieurs stratégies, qu’il est possible de combiner, peuvent elles-mêmes être déclinées de différentes façons ?

Le point n’est pas de dénigrer une approche par rapport à une autre. En effet, ce n’est pas parce que les enjeux climatiques sont aujourd’hui particulièrement prégnants que les responsabilités sur la gouvernance, le travail des enfants, le tabac … ont disparu.

Mais comment rendre cela compréhensible et exploitable pour les investisseurs non professionnels. En passant par des certifications ?

 

Des labels méconnus et peu utilisés

Les labels officiels ne sont que très peu exploités alors qu’ils commencent à se multiplier.

Ces labels restent ainsi une niche européenne. Avec moins de 500 fonds (dont certains double labellisés) et moins de 100 Mds € d’encours, nous sommes très loin des 22 000 Mds € d’encours déclarés ISR en Europe.

Ainsi, les investisseurs sont face à de nombreux fonds se déclarant ISR mais peu de fonds labellisés. Cette situation gène la compréhension des investisseurs ; et c’est d’autant plus dommage que les investisseurs retail font une entrée remarquée depuis 2015.

La demande reste peu mature et méfiante
En France, les attentes des investisseurs finaux ne sont pas encore matures. Une étude menée par Audirep pour l’AMF met en avant l’écart en termes de confiance et d’attente entre les investisseurs particulier et l’offre.

De plus, après beaucoup d’espoir suscité par l’article 173-VI de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, le premier bilan des rapports extra-financiers publiés par les sociétés de gestion est certes encourageant ; mais beaucoup reste à faire. Sur les publications analysées de 30 SGP :

  • 43 % ont publié sur l’ensemble des dispositions requises par l’article D.533-16-1 ;
  • 47 % ont reporté de manière incomplète au regard des dispositions requises par l’article ;
  • 10 % n’ont pas reporté et n’expliquent pas leurs motivations, ne répondant donc pas aux dispositions légales.

Sur le contenu des reporting, on peut ainsi constater une grande disparité en termes de quantité, de qualité et de comparabilité. Cette disparité résulte notamment du manque de maturité des indicateurs utilisés et de la faible disponibilité des données, qui ne sont aujourd’hui pas suffisamment fiabilisées.

L’avancée est réelle mais reflète bien la complexité du sujet. Il n’existe actuellement pas de standard permettant de rendre transparent, pour tous, la méthodologie ESG.

 

Et pourtant, les sociétés de gestion affichent de plus en plus d’ambition sur l’ISR :

  • Amundi, qui a pour objectif en 2021 d’intégrer les notes ESG à l’ensemble de ses processus d’investissement et de systématiquement prendre en compte les considérations ESG dans sa politique de vote.
  • AXA IM, qui applique des critères ESG (exclusion) sur 93% de ses encours, dont 473 Mds en intégration ESG et 21,5 en impact investing.
  • BNPP AM, qui applique déjà des critères ESG (politique sectorielle, exclusion) à tous ses fonds ouverts ; et qui appliquera en 2020 des critères ESG à tous ses processus d’investissement.
  • LBP AM, qui appliquera une gestion 100% responsable en 2020.

Ce n’est plus une tendance mais une lame de fonds. En regard de l’état du marché, c’est l’offre qui transformera l’Investissement Socialement Responsable mais les sociétés de gestion doivent :

  • Convaincre la demande, via les distributeurs notamment, en restaurant la confiance.
  • Accompagner les labels pour développer un ou des tiers de confiance éprouvés.

 

La transformation du marché passera ainsi par la mobilisation et la coordination de l’ensemble des acteurs


Oui, une taxinomie aboutie et partagée est essentielle.
Oui, l’acculturation des clients finaux est un vieux sujet.
Mais sans ou peu de connaissance financière, sans reporting comparable, les clients iront vers l’offre qu’ils parviendront à appréhender et qui sera validée par un tiers de confiance.